COLIBACILLOSE

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COLIBACILLOSE

Le terme de colibacillose désigne toutes les infections dues à un microbe de la famille des Enterobacteriaceae : le colibacille ou Escherichia coli , décrit pour la première fois par Escherich, en 1885, sous le nom de Bacterium coli commune . Hôte normal de l’intestin et des voies génito-urinaires inférieures de l’homme et des animaux, en équilibre avec les autres germes de la flore intestinale, le colibacille participe aux fonctions de cette flore. La rupture de cet équilibre, et surtout une défaillance accidentelle (locale ou générale), de l’organisme, donneront au colibacille, normalement peu ou pas du tout pathogène, la possibilité de le devenir vis-à-vis de l’organisme en question.

Bacille Gram négatif, mobile, asporulé, aérobie et anaérobie facultatif, E. coli est identifié par ses propriétés biochimiques (production d’indole, coagulation du lait, décarboxylase, fermentation des hydrates de carbone, etc.), et par diagnostic antigénique (agglutination par les sérums spécifiques).

Dans le tube digestif du sujet sain coexistent des E. coli appartenant à divers types sérologiques; leur renouvellement est continu: les uns, dits «résidents», sont retrouvés pendant plusieurs années chez le même sujet; les autres, «passagers», ne persistent que de quelques jours à quelques mois. Cet hôte normal de l’intestin peut servir de témoin permettant aux hygiénistes de déceler par «colimétrie» la contamination des eaux de boisson par des excréments.

Les E. coli isolés au cours de gastro-entérite chez les jeunes enfants sont identiques aux points de vue cultural et biochimique aux E. coli d’autre origine, mais s’individualisent par la possession de certains antigènes particuliers et forment un groupe autonome.

L’inoculation de E. coli aux animaux de laboratoire donne des résultats très variables et sans parallélisme avec le pouvoir pathogène constaté chez l’homme: telle souche isolée de l’intestin de sujets sains peut être très virulente pour le cobaye et, inversement, telle souche provenant d’une infection humaine grave peut laisser le cobaye indifférent.

Il existe deux types cliniques: les formes généralisées, septicémiques; les formes localisées, et, dans ce cas, l’un des quatre appareils uro-génital, biliaire, digestif, utéro-annexiel est atteint électivement.

Parmi les localisations uro-génitales, la pyélonéphrite gravidique est la plus fréquente et la plus typique; elle survient soit au début, soit surtout au sixième mois de la grossesse; elle est marquée par des frissons, une ascension thermique, des douleurs lombo-abdominales, de la pollakiurie; les urines sont franchement purulentes et fourmillent en colibacilles. Cette pyélonéphrite doit être traitée rapidement pour éviter la sclérose rénale secondaire. La pyélonéphrite peut survenir chez la femme en dehors de la grossesse, souvent secondairement à une affection intestinale chronique. Chez l’homme elle est habituellement la conséquence, parfois révélatrice, d’une malformation congénitale (rein ectopique, rein en fer à cheval, hydronéphrose, uretère bifide, etc.), d’une lithiase ou d’une infection antérieure.

Parmi les autres localisations du colibacille sur l’appareil uro-génital, les plus fréquentes sont: la cystite, traduite par la douleur, la pollakiurie et la pyurie; l’urétrite et la prostatite, souvent greffées sur une lésion gonococcique ancienne; l’orchiépididymite ou les phlegmons péri-urétraux.

La colibacillose hépato-biliaire réalise habituellement des abcès multiples du foie avec ictère fébrile.

La localisation digestive est constituée par les entéro-colites ou gastro-entérites, qui surviennent chez des enfants de moins d’un an, en particulier chez ceux qui reçoivent un allaitement artificiel. Le début est brusque, marqué par des vomissements; puis une diarrhée fébrile tenace s’installe; très vite apparaissent déshydratation et signes de toxémie, qui nécessitent un traitement d’urgence. Ces gastro-entérites sont dues à des E. coli spécifiques, identiques aux points de vue cultural et biochimique aux autres E. coli , mais possédant une structure antigénique particulière (groupe 0111, 055 et 026).

Parmi les localisations utéro-annexielles , les salpingites, métrites, vaginites ont été signalées; là encore une lésion ou une infection sous-jacentes, par exemple une salpingite tuberculeuse, doivent être soupçonnées.

Les septicémies à colibacilles sont très rarement primitives; elles peuvent alors être à l’origine des localisations précédentes. Mais, bien plus souvent, elles leur sont secondaires et présentent de multiples aspects.

La forme dite «typhoïdique» a un début insidieux, avec des signes surtout digestifs, vagues: crises de diarrhée intermittentes, asthénie; la température s’élève, s’accompagne de céphalée, d’insomnie, et le tableau clinique rappelle celui de la fièvre typhoïde.

Il est des formes très bénignes, à type d’embarras gastrique fébrile, avec douleurs abdominales, vomissements, diarrhée et fièvre et, à l’opposé, des formes particulièrement graves, spécialement chez le nouveau-né ou le nourrisson, chez lesquels apparaissent purpura, subictère, avec un risque majeur de métastase méningée.

Il existe des formes septico-pyohémiques, en particulier d’origine appendiculaire ou biliaire. La septico-pyohémie d’origine biliaire (fièvre hépatologique ou fièvre bilioseptique) correspond à la surinfection colibacillaire d’une angiocholite ou d’une cholécystite calculeuse; elle se traduit par de grands frissons avec clochers thermiques, herpès labial et atteinte marquée de l’état général. Les septico-pyohémies d’origine urinaire présentent le même aspect.

Orienté par les aspects cliniques réalisés, le diagnostic repose sur la mise en évidence du colibacille. Selon les cas, celui-ci sera recherché dans le sang, les urines, les selles. Mais les résultats de l’hémoculture, de l’uroculture ou de la coproculture doivent être interprétés: une unique hémoculture positive peut ne traduire qu’une bactériémie sans importance; la septicémie ne doit être affirmée qu’en fonction du contexte clinique et de la présence constante, vérifiée par plusieurs hémocultures, du colibacille dans le sang. De même, la découverte d’E. coli dans les urines ne signifie pas pour autant colibacillose; seule sera à retenir la pyurie vraie, ou tout au moins la présence de très nombreux E. coli , les urines ayant été prélevées correctement et examinées immédiatement. Dans les gastro-entérites infantiles, l’identification biochimique du colibacille doit s’accompagner de sa caractérisation antigénique.

Sulfamides (sulfométhyzol, sulfacétimide, sulfofurazol) et antibiotiques (chloramphénicol, streptomycine, dihydrostreptomycine, auroémycine, terramycine, colimycine) ont transformé l’évolution et le pronostic de la colibacillose. Cependant, nombreuses sont les souches qui résistent au traitement, en particulier celles qui proviennent de gastro-entérites infantiles. Il est donc toujours indispensable d’étudier in vitro la sensibilité des souches en cause et de suivre cette sensibilité au cours du traitement, afin d’adapter le choix, les doses et les associations de médicaments en fonction de chaque cas particulier.

colibacillose [ kɔlibasiloz ] n. f.
• 1897; de colibacille et 2. -ose
Infection due au colibacille. Colibacillose intestinale, urinaire.

colibacillose nom féminin Infection provoquée par le colibacille.

colibacillose
n. f. MED Infection due au colibacille

⇒COLIBACILLOSE, subst. fém.
MÉD. Infection notamment de l'appareil digestif ou de l'appareil génito-urinaire, provoquée par le colibacille :
Il faut d'abord savoir que la mère, au cours de la grossesse, transmet des anticorps à l'enfant qu'elle porte, par la voie du placenta. Seulement cela n'est vrai que pour certains anticorps qui traversent bien le placenta, comme ceux de la rougeole, de la diphtérie, du tétanos, de la polio..., alors que ceux de la coqueluche, de la colibacillose et des staphylococcies le traversent mal ou pas du tout.
R. SCHWARTZ, Nouveaux remèdes et maladies d'actualité, 1965, p. 125.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1897 colibacillose (L. Catrin in G.-M. DEBOVE et Ch. ACHARD, Manuel de médecine, Paris, t. 8, p. 432 ds QUEM. Fichier). Dér. de colibacille; suff. -ose. Fréq. abs. littér. :1.

colibacillose [kɔlibasiloz] n. f.
ÉTYM. 1897; de colibacille.
Méd. et cour. Toute infection causée par le colibacille. || Colibacillose intestinale, urinaire.
tableau Principales maladies et affections.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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